writings : poetry and short stories

2010


Dans ce monde qui s'égrenne comme mâche-papier,
Je m'entraine à m'envoler. 
Qu'importe l'avion, s'il est fait d'ailes ou de cuivre,
Qu'importe l'avion, pourvu que je m'ennivre. 

Mais je ne peux rejoindre le ciel,
moi qui suis collé au fiel
et même les mouches s'agglutinent,
dans le désert de la ville. 

Mauvaises bottes gluées à l'asphalte !
plus rien ne m'exalte
et je m'en vais au grand marais
qui est vide, plat et laid.

Plus rien ne m'affole, et plus rien n'est pur.
J'ai vomi sur le sol dur,
Après un tourni fatal et volontaire
Dans l'atmosphère lourde comme une mer. 

Ecoeurante dimension de ces amalgames,
entre ciel et mer, mer et ciel, rien ne se trame,
il n'y a plus rien sinon un chat tout pelé
qui s'en va miaulant, vers une gouttière moins écoeurante.

Quand l'air sonne le gong, que le tourni me reprend,
Dans un dernier essai d'avion vrombissant
Je m'en retourne, bredouille, au temps du mauvais temps. 

L'envol est manqué, les ailes ont cassées,
et mes lèvres ne veulent même plus faire vroum vroum,
puisque la gerbe les a collées,
et c'est donc muet, avide, et lourd, que je m'effondre 
Pour écouter, bredouille, le silence puant de la ville-citrouille.



2011


Une rupture prévisible comme une éclipse

Peut être qu'une après-midi de printemps,
On se baladera ensemble dans les jolies rues
Tu croqueras dans un mont blanc 
Et la glace fondra un peu sur tes mains nues.

Peut être qu'une après midi de printemps
On baladera nos coeurs unis au gré d'un vent léger
Et je te dirai dans l'oreille, "Que c'est mignon, que c'est charmant !
D'être avec toi sans avoir à s'excuser, ni à parler, juste à s'aimer".

Mais peut être qu'une après midi de printemps, 
On s'arrêtera devant le soleil que rien n'éclipse
Et je te dirai : "regarde comme il est écrasant ! 
Il nous aime mais nous brûlera, le jour de l'apocalypse."


2011


Mélancoliques mélodies.

"- Vague sérénité quand la télé est éteinte
Vague sérénité au coeur de ton étreinte
Vague sérénité quand je ferme l'oeil

Sereine surprise quand il ne se rouvre pas
Sereine surprise quand mes muscles sont las
Sereine surprise quand je souris enfin

Sommeil véritable quand je m'en vais au loin
Sommeil véritable quand il n'y a plus rien
Sommeil véritable de la nuit à jamais.

Abstraction nouvelle du néant autour
Abstraction nouvelle dans un coup de tambour
Abstraction nouvelle, je te connais enfin.

Mélancolique mélodie dans ma longue torpeur
Mélancolique mélodie tu avances dans mon coeur
Mélancolique mélodie, je ne peux que t'égrener. 

Douce clarté qui chatouille mon oreille
Douce clarté ; est-ce un rayon de soleil ? 
Douce clarté, je ne t'avais pas oubliée.

Acides remords, je ne voulais pas.
Acides remords, est-ce ma faute à moi ? 
Acides remords, vous me tourmentez.

Etreinte du vent sur mon esprit voguant
Etreinte du vent caressant les poussières
Etreinte du vent ; mais qu'aurais-je dû faire ? 

- Il n'y avait rien à faire et tout est terminé
Esprit, écoute moi, et vogue en mon sein
Détache toi du monde et de ses vils destins

Il n'y a pas de péchés, il n'y a pas de Malin,
Il n'y pas de Dieu, il n'y a pas de Pardon.
Il n'y a rien ici, il n'y a rien autour,
Le matériel s'est effacé, le réel n'est qu'une idée.

Maitresse du remord, cesses tes misères,
Maitresse du remord, apprends à te taire
Maitresse du remord, il est temps de plonger dans les airs.

Regarde, les vois tu, elles te caressent.
Ecoute, entends-tu leur bruissement ?

Tu veux savoir qui est autour,
Tu as besoin, à ton tour,
De rencontrer ton escorte funèbre.

Laisse moi te répondre : il n'y a personne.
Il n'y a que des corps qui voguent au gré des vents,
Et des ondes qui les pénètrent doucement,
Qui les touchent et les animent, les laissant jouer, en sourdine, 
De mélancoliques mélodies."



2011 

la photo

Les mois ont passé sur l’après midi perdue de juillet,
mes doigts sont passés émus sur les ombres de tes traits, 
l’image me fige une seconde fois dans une pose spéciale,
quand je la retrouve après des mois, par un après midi banal.

la photo est absolue dans son époque lointaine, 
et mon regard soudain se mue, s’allonge et se traine
je voudrais tant pouvoir retrouver ce sourire
passer mes journées à t’aimer sans mot dire

car cette photo est bien insonore et linéaire,
c’est dans la posture du corps, dans ce regard éphémère,
que raisonnent ces mille pensées soudaines
faites d’amour, de cœur, de peine.

Je la prendrai sans bruit et la porterai au cœur,
Les jours de pluie, mes jours de pleurs
Cette photo de papier glacé, qui a figé ton visage en son moment,
Oui cette photo, éternel mirage de notre premier printemps.



2012

L’eau glisse sur les plumes des canards
Mais le temps s’imprime sur mon teint blafard

Une vie passée à chercher, 
Enfiévré, ému
La sirène magique de mes jeunes années,
Incroyablement belle, parfaitement inconnue

Que j’avais rencontrée, sur le pont d’un bateau
Quand encore, jeune matelot,
Je traversais la vie comme sur un pont de bois
Caressant de temps à autre le sel sur le mat

Tu étais là, seule, pourtant si belle,
Juste au dessus de la sirène sculptée,
Au mat tout couvert de sel
Tu t’étais appuyée.

Habitat de Neptune et des monstres marins,
L’océan te berçait dans son insolent crachin,
Et les vagues faisaient vaciller l’appui précaire,
De ton corps contre le mat, 

Et de ta vie passagère
Se destinant au trépas.

Toi, ma passagère
Sur ce pont solitaire, 
Tu as fait de ma vie, 
Une longue agonie.

Et ce n’est plus le crachin ni le sel de la mer
C’est une mer d’huile sombre et poisseuse
Viciée par la recherche veine et creuse,
De ma plus belle passagère,
Mon unique amoureuse.



2012

Finalement, je m’irradie sous l’éclipse,
Tu n’es pas avec moi le jour de l’apocalypse.
Je pensais qu’il nous brûlerait dans un même élan
Et pourtant, je me fissure seule sous le couchant

Où es tu parti, pourquoi ? Et pour qui ? 
Le paradis terrestre s’en est allé aussi,
D’une pierre deux cœurs,
J’ai perdu mon âme et sa sœur.

Dans la montée rigoureuse qui nous amène à l’eden,
L’horizon est soudain gris, teinté de peine.
Les fleurs ont brûlé sous le soleil de minuit, 
Ma peau est tannée par l’effroyable ennui.

Cette folie passagère, de ne plus t’appartenir,
A laissé sur ma peau, mille brûlures du cuir.
Je erre désormais seule sur les caillasses,
Sous mes pieds, un chemin gris soudain se trace.

Ce n’est plus le sentier qui nous amenait au bois,
C’est un chemin tout tracé, droit dans son effroi.
Je le suis sans broncher, car c’est la route des déroutés,
Même si je n’ai plus de souffle, je dois continuer

Au pays des sans coeurs, il n’y a pas d’émoi possible,
L’ataraxie s’impose comme seul univers sensible
Laisse moi te dire qu’ici, l’odeur des mûres sauvages,
De notre petit sentier, raisonne comme un affreux mirage.

Il faudrait 20 mille hommes pour me reconquérir,
Et en eux je ne pourrais que chérir,
Seulement certains de tes défauts retrouvés,
Subtiles échos de ma félicité.

Adieu mes nuits d’enfant, et mes années d’amour
Je dois me concentrer désormais sur la plaine autour,
Sur ses feuilles mortes et ses arbres brûlés,
Tout ça est ton œuvre et je dois l’embrasser.

Une vieille femme apparaît alors sur le chemin,
Sa bouche est fine, morne est son teint.
De ses doigts pointus elle me somme d’approcher.
Elle tend ses lèvres, et je dois les baiser.

Le baiser de cette langue rêche et fissurée,
Est finalement moins tuant que ton regard désolé,
Il y a dans sa bouche une odeur de cendre,
Un enfer béant où je m’en vais descendre. 



2012

Brouillard

Un étudiant se met à jouer
De la guitare,

Un air connu,
Même de l’ignare

Un air commun
Un vent d’espoir

Et je m’enfuis
Dans son regard

Sa mélodie
Me rend la vie

Que j’ai perdu
Dans ta mémoire

Ne pas écrire,
Me rend malade

Et trop écrire
Me rend maussade.

Adieu l’ennui
Dans le brouillard

Adieu l’envie
Vent du hasard.


2012

Au café

A la terrasse d’un café
J’entends souffler
L’accordéon

Au loin le vieux
Chante de son mieux
En baryton

Des couples passent
Ils s’embrassent
Le bout des cils

Un marchand de fleurs
Evente les odeurs
Et les pistils

Des pétales s’envolent
En fines corolles
Au gré d’un souffle

Vient un vent frais
Qui fait l’effet
D’un vrai présage

Un sourire
Se déchire
Sur mon visage

Je m’étends
Tranquillement
Peut-être sereine

J’attends
Patiemment
Que la mort vienne




2012

déplumé 

Je me réveille petit à petit
Sur un banc le matin
A gorgée de café refroidi,
Je découpe ma faim.

Sur le poteau, une pendule,
Tourne, appliquée, crédule,
Il n’y a que moi qui ne bouge pas,
Insignifiant dans mon trépas.

Un oiseau rampe sur le trottoir,
Il est borgne, ses plumes sont noires,
Il me salue d’un air de dire :
« Ah ben ça va, il y a pire ! »

Ma gueule est lasse,
Mon souffle est long
Au loin, dans une casse,
Roule mon dernier boulon.

Lentement je m’achève,
Tristement je m’accuse,
Il n’y a pas de trêve,
Pour les sans-excuse.

Car loin dans les tropiques,
J’avais touché, ému,
Les plumages mystiques,
Des glorieux chefs de tribus.

Ils m’ensorcelèrent,
De leur ethnique beauté,
Dans la chaude lumière,
J’avais sacrifié,
Un peu de ma guerre,
Beaucoup d’anxiété.

J’ai caressé la poussière, 
De mes doigts effilés
J’ai dormi nu sur la terre,
De leur rouge contrée.

J’étais négligeant, car il y avait dans l’air,
Un démon assoiffé,
Qui m’envoyait des misères
Et milles aspérités.

En effet, je lui avais naguère,
Vendu mon âme dépravée.

C’est donc dans la bière,
Que je poursuis ma lancée,
Dans l’aurore c’est la guerre,
Cent millions d’affamés,
Nous regardent de travers,
Moi le pauvre solitaire,
Et mon âme asphyxiée,
Côte à côte sur cette terre,
Sur ce banc calciné.


2012
l'hiver est tombé si vite

L’hiver est tombé si vite
Le temps s’étale, s’endort, et quitte
La passion de l’instant…

L’hiver est tombé si vite,
J’ai vu choir tous les glands ;
L’automne en fin de cycle
Se meurt lentement

L’hiver est tombé si vite
Presque aveuglément
Encore un peu, allant, s’ébruite
La rumeur du couchant

L’hiver est tombé si vite
J’entends le bruit du vent,
Les grands arbres marmonnent sans suite
Quelques bribes d’un triste chant

Un long souffle agite,
Etire l’appartement,
Portant le temps des rites
Et des renoncements

En mon âme doucement s’effrite 
La belle année et le beau temps,
La chaleur des sites, 
La rose des vents…

L’hiver est tombé si vite,
Ne restent que les monuments.
Et seul dans mon cœur encore palpite
Le sang chaud des engouements

L’hiver est tombé si vite.
Tout s’éteint avec le temps.



2013

La Renée Sens

Quand sur ma peau alanguie frissonne le soupçon du vent
Et que mon cœur meurtri se referme doucement
Les étoiles d’inertie portent alors ton mouvement
Et je m’endors sur la lie et son doux tressaillement.

Mon sourire se dessine à l’ombre de l’encens,
Mes ruines se réécrivent et j’oublie le présent,
Dans la douce insomnie de la rose des vents,
Je recompte ses pétales et les effeuille en pensant,

Que la vie renaît seulement quand
J’oublie les rixes et les débats conscients,
Que je sens sur ma bouche la rondeur de tes dents
Que ton sein sous ma paume annonce le printemps



2013

Dans l’intensité du froid et sous la pluie des temps,
Par un grand mistral et encore au printemps
Tu t’envoles égale, exquise, doucement,
D’une corolle, j’étale, ton parfum en rêvant.

Est-ce une Mer, un Lac ou bien un étang ?
Un souffle de terre ride en vain les champs
Cette misère de pétale à la jonction des flancs, 
Telle l’écume, s’exhale, en fonction du vent.

J’entends le voile, dans tes moindres tremblements,
Ton sifflement, ce râle, au creux de l’élan,
Et si me vient un goût métal sur l’émail des dents,
Tu recouvres, vestale, ma bouche de sentiments.



2013

Je voudrais l’embêter et la tressaillir,
La caresser ; mais je la fais fuir.
Parfois je l’embrasse pour la faire rire,
Elle me rit au lait en faisant un riz au nez.

Alors je patauge dans une flaque pour l’éclabousser,
Prête à tout pour la réveiller,
Faire sauter sa tension
Sur mon attention.

Elle veut de l’affection, 
je l’en nourris,
Je veux des mimis
Je n’ai qu’un bison

C’est à dire un demi
Bisou finissant mal
Elle parle de sexe oral
J’évoque les cunis

Elle me fait un regard bancal
Je rectifie : « tu veux un curry ? »
Elle pointe, tire, et lance,
Et je suis la boule en balance.

Elle voudrait un chien
Je fais le pékinois.
Elle préfère les chihuahuas ;
J’aboie en Mexicain.

Elle veut la lune,
Je lui montre la mienne,
Elle fait ma Une
Je ne figure pas sur sa quatrième.

Je la supplie en riant,
D’un rire d’enfant, 
C’est plus mignon
Et de bon ton.

Elle me trouve bête,
Je m’entête.
Je désire tout d’elle,
Elle s’en va d’un coup d’aile.

Je la suis en croassant
Elle rejoint la lune et son croissant.
Devient étoile, et, scintillant,
Me renvoie le battement incessant
De mon cœur hésitant
Aimant tantôt,
Tantôt souffrant ;
Jamais fixé.
De jours en jours plus exaltant,
De nuit en nuit plus étouffé.



2013
e

Dans le demi clair de nuit que soudain nous reflétons,
En ombre et sans bruit ton ombre a rejoint la mienne,
De corps en corps dans leur obscure forme nous ne formons plus qu'un seul corps et qu'une seule envie
Et la lune de son oeil satisfait nous envoie ses étoiles.

Dans la pénombre sans bruit tu me reprends la main
Je l'esquisse de mes yeux et la dévore de ma bouche
Je t'enferme de baisers mais tu t'envoles déjà,
Prête à me fuir au plus vite pour ne plus me revoir

Et soudain seule au milieu de l'ennui
Je regarde mes paupières qui coulent sans bruit
Dans le miroir azuré tout se brouille
Je voudrais tant que tu m'aimes 
Et quand je te conjure de rester,
Tu t'envoles quand même,
Appelée par la lune qui te promet de la peine
Et moi qui te rêvais et te voulais mienne,
Je m'enrobe dans la nuit 
Et essaie en moi même de trouver le néant
Mais tant que je vis et que j'existe, pourtant je pense,
Je suis ici toujours là, et mes propres incompétences,
Ma mollesse et mes sentiments dégoulinent,
Sur mon visage tout encore épris de tes je m'en fous. 


2013

Je voudrais tant te dire
Que tu es un cyclope
De ton oeil curieux
Tu m'observes en silence

Parfois ça m'opresse
Souvent me compresse.
Mais la plupart du temps,
Je le fixe fascinée.

Tu es résidente et suprême
Dans la chair, sous la peau, de mon coeur palpitant

Tu pourrais si bien être le néant tant tu m'absorbes
Tu pourrais vivre aussi dans le creux de l'aorte,
Et au cimetière des gens chiants
Tu réveillerais toutes les mortes

Tu crierais si fort que les squelettes
Fatigués, te gueuleraient d'arréter
Mais dans une danse macabro-comique,
Ils se dresseraient pour danser

Tu n'es pas Circée et tu n'es pas Pénélope,
Tu es sur la mer dans laquelle je navigue,
...Sur le fleuve Aorte,
Entre Orient et Occident,
Quand le soleil s'afflige,

Toi tu es la lune,
Que rien ne déleste,
Et dans le reflet céleste,
Tu aspires mes marées.



2013 

Par une nuit d'hiver, 
-C'est décembre ici bas-,
Je pense à des vers,
Qui seraient faits pour toi.

On ne parle plus depuis avant
Avant avant avant hier,
Mais rien de bien méchant,
Rien de très amer. 

Je ne te cherche plus au marché,
Mais entre mes mains congelées,
Sous la pulpe des doigts...
Palpite encore, ta poésie en moi.

Boisée en profondeur, où hulule les hiboux,
Forêt sensorielle où j'ai cueilli du houx,
Piquante, parfois rêche, c'est pourtant à genoux,
Que je me penche tête bêche à l'assaut de remous.

Sifflotant un air que ce ventre soupire,
Fléchissant en fièvre cette douceur laconique,
Ton pouls s'exagère quand j'y pince la lyre,
Et par marques passagères c'est ton sang que j'aspire.



2014

La nuit de mon rêve, dans la pénombre a jailli:
Un astre se lève dans un ciel obscurci.
Le vent souffle sans trêve quand la lune s'enfuit…
Doucement je me lève, un pétard et au lit.

Je n'ai pas eu la fève, mais un roi maudit,
Qui m'a tendu son glaive et m'a soufflé ceci : 
"C'est bien elle en rève, tout au fond de ton lit,
Et même que tu en crèves de l'imaginer ainsi"

Car dans la nuit solennelle, je me touche sans bruit.

Je te vois nue sur la grève, sur des galets polis.



2014
J’ai vu

J’ai vu 
Des enfants marcher pieds nus
Vendant des petits jaguars en bois dans la rue,

J’ai vu 
Des oiseaux entrer dans un puits,
Par milliers, et en ressortir sans bruit,

J’ai vu 
Un homme qui se prénommait Marx
Et une fille qui étudiait le Bouddhisme au Népal,

J’ai vu 
Des couchers de soleil à couper le souffle,
Des rougeurs dans le ciel, telles qu’on dirait du souffre,
Un pont en bois qui se balance sur le bord d’une rivière,
Il flotte et tangue dans les airs,

J’ai vu
Une montagne de coke qui coutait moins qu’un gramme
Pour des jeunes garçons qui en laissaient leur âme

J’ai vu 
Mon ombre me suivre, rigide parmi les routes et tordue entre les flaques,
Des arcs en ciel qui valaient bien tes cils arqués,
Des sourires édentés et des yeux solitaires,

J’ai vu
Le vent courber les feuilles, et les arbres s’y plier,
Et dans la douce chaleur d’été, 

J’ai cru
Voir ton profil se dessiner.
Parfois, sur une ombre étrange, je me retournai,
Pensant, peut être, que tu y danserais.

Joyeux mélange, tristes tropiques,
Où je te cherche en vain et te trouve toujours,
Jamais entière mais flottante alentour,
Comme un parfum que je croyais oublié,
Ou une silhouette à peine effacée,

Pourtant,
Dans l’ombre des feuilles et les pluies d’été,
Parmi les enfants qui vont nu pieds,
Entre Marx et Bouddha, 
Et les fumeurs de Crack,
Dans la rumeur du matin 
Et encore dans les flaques,
Dans les yeux solitaires,
Et sur les jaguars en bois 
Tu es là qui m’enserres,
Tu es celle que je vois.


2014

En Israel

Sur les anciens rails de chemin de fer,
Une terrasse en bois et des tonnes de pierres,
Les morts s'écrasent ou bien se terrent, 
On oublie le sang,
Les cris amers. 
Je n'ai pas connu ces gens,
Ni leurs misères.

Moi je déambule à la recherche d'un resto,
Il fait bon, j'ai chaud,
Et un toit sous lequel éteindre ma lampe.
Jamais je ne pleure ni ne rampe.

Ceux qui meurent étaient mes frères
Mais je m'en moque.
Seuls comptent tes yeux de panthère,
Je mourrai bien assez vite de mon époque.
L'existence est vide,
Plus rien ne me choque.



2014

les sycomores

Un vieil homme dine à côté de moi,
Est il besoin de le rappeler ? 
je n'aime que toi
Je devrais chérir le sentiment,
Mais c'est toi que j'adule,
Je veux des châtiments,
Car je m'ennuie dans la capsule.

Ce monde n'est que boniments,
Des vendeurs de temps libres
Et des marcheurs à temps pleins,
Les automates se mettent en marche
Et j'entends leur mécanique,
Horrible.

On nous ment, ma chérie,
On nous ment, tout le temps, 
Les problèmes faux
Le bien, les maux,

Même la terre qui tourne...
Je doute de tout.
Tout est pourri jusqu'à l'os,
Nous sommes gavés d'OGM,
Traversés de rayons.

Je me plains que je t'aime,
Mais je ne voudrais pas
Ne plus t'aimer
Tu es la dernière graine,
De mon passé. 

Quand j'écris j'assène,
Des mots sur le papier,
Ils ne veulent rien dire,
Mais trainent,
La mélancolie de ces années

23 ans à peine, 
Mais tout est déchiré.
Rien est vrai sinon le rêve,
De ton front ombragé,
Et ce champ des cigales,
Que je me suis imaginé.

Rien ne m'empêche de boire, de boire encore,
Tu n'es déjà plus là,
Et le sycomore,
Se tend comme le galbe, 
De ta courbe d'amphore.

Je cherche la anse 
Je te vois qui danse,
Je voudrais t'écrire, encore encore,
Tu me diras pourquoi ? 
Pourquoi c'est toi,
Que j'ai choisie,
Je te dirai : 
Juste pour un temps,
Ma triste vie, 
Chérie des amours, 
Passer ce temps, 
A te rever,
En attendant,
De passer à autre chose,

J'en ai besoin,
Car ce monde est loin,
De m'apporter,
Ce que tes faussettes 
Et tes lèvres dorées,
Me conduisent à dire,
Et à faire,
Et à sentir,
Et à engloutir,

Car je n'ai rien
Plus rien à dire,
Quand tu vas loin,
Et que tu m'oublies.



2014
les restes et les miettes 


Sur le reflet du miroir et dans la brume des nuits,
Je ne cherche qu'un grimoire de sombres parodies,
L'absurde est né dans l'air flottant et dans ce clair de matin,
Mais c'est encore à ton rire, que je tends la main.

Fugaces, s'enfuient, les oiseaux des marécages,
Et pourtant mes joies stagnent comme un profond mirage.
Sans classe, j'essuie, ce qu'il reste de toi,
Sur mes doigts enfouis, systématiques mais froids.

Dans un rire de clown, je crois me retrouver,
J'enfonce les portes de saloon, du talon de mon pied. 
Je force les rires et provoque la volupté,
Mais au fond c'est ton souvenir, qui me fait grimacer.

Quelques moineaux picorent, les restes du dîner,
Sur la neige, les morts, ne font que soupirer.
Ta sagesse s'endort, au son de mes contrariétés,
Je t'aime en corps, et refuse de m'échapper.

La fusion, cet abysse, n'a fait que nous paumer,
On a but le calice et ne reste que l'épais,
Tanin, sur le rebord séché.

Malicieux et tordu, mon reflet s'étiole,
Et dans la nuit de l'amour seul un gros chat miaule.

J'entends les sirènes, les camionnettes en furie,
Et les morts dedans qui crient dans la nuit,
Seuls leurs corps résonnent encore,
C'est comme un dernier souffle qui traverserait un cor.

L'espoir n'existe que dans les coeurs malades,
Et je prie pour qu'un jour on s'enfuit en balade,
Mais dans ton cerveau le parasite prend flamme,
Il aura raison de ton coeur et peut être de ton âme. 

Il y a bien longtemps, il me semble être un siècle,
Tu chantais des airs faux et avec l'air espiègle
Me regardais bénir, les feuilles de pâquerettes.

Ce temps est fini, il n'en reste que les miettes.



2014
Je t'aime tellement putain.

TAIS TOI LAISSE MOI PARLER j'écrase ta bouche et je te mords la lèvre. 
C'est tout ce que tu mérites.

On
Est
Folles

Mais
On
Va
Pas
(Trop)
Se
Faire
Du
Mal

L'
Appât
Ssion
Véritable

Est
Comme
La
Bonne
Coke 
:

Blanche
Et
Pure.


2014

alice..

En salle de classe, je vois que les joues d'Alice 
Se parent de rouge… 
Elles rosissent.

Débri, débri, débridée.

La petite à lunettes, 
serpentant à sonnettes,
A des pensées salasses qui salissent…

D'Alice s'exhalent des délices
Bien trop déplacés 
Pour cette salle aseptisée.

Elle rêve d'être sale..
et voilà sa flamme attisée:

Débri, débri, débridée.

Elle rêve d'un râle,
Jailli d'un gosier lubrifié.

Elle rêve de verges et de marées.

Pourtant ses lunettes carrées,
Ses cheveux plats tressés,
Calculent l'inertie et comptent en tempo
Pour masquer la folie, de sa libido.

Ses sourcils haussés, comme étonnés,
Regardent l'intervenant intervenir,
Elle voudrait seulement être caressée,
Que la pénétrant, il la fasse jouir.

Débri, débri, débridée.

Ses deux jambes dans son jeans trop lavé
Se joignent dans un croisement resserré,
Qui galbe ses cuisses et ses fesses moulées,
Imitant les délices de désirs fantasmés.

Débri, débri, débridée...
Des bris de glace craquelée.

Les verres de ses binocles ont jailli
Sous la pression de la sauvagerie,
Sur le sol, les verres sont la solidification,
Du liquide suintant de son con. 


2015

si j'existe ou si je meurs 

Je ne sais même plus si j'existe ou si je meurs,
Dans ma vie.
Je ne sais même plus si je m'excite ou si je pleure
D'envie

Un brin d'herbe caresse en écho
Ma cheville sous le ciel abricot,
Ouaté.

L'alarme du réveil sonne encore,
Toujours activée.
Mes rêves résonnent en cor,
Comme en ombre, des pensées

Quelques céréales, pas de lait,
Etouffent belle-mère ma bouche,
Sèche mais sensible,
Attentive à l'appel,
Qui ne viendra pas.

Je ronge à la pelle et j'ai peur pour moi
La vie qui m'appelle quand le monde reste coi,
Pas d'enfer dans le ciel,
Plus de trépas sous la terre,
Juste une simple existence,

De laquelle je ne sais, 
si elle vit ou se meurt,
asphyxiée ou bien en transe.

L'impression surannée de notre existence,
Les images et les pensées,
Sont tous des mensonges, des illusions préconçues
Dans nos serviles cervelets,
Qui s'excitent en cadence.


2015

Rough trousers

Les arbres ont largement poussé ;
Je peux m'enfuir en l'évitant. 
Le ciel observe amusé
Le vent pousser des moutons blancs.

Mes ailes se dessinent, croisées,
Remplacent mes bras ballants.
Mes fesses sont comme arque boutées :
Réceptrices de sentiments.

Dorémilamiré, 
C'était le nom de l'adolescent,
Que j'ai connu sans le rencontrer,
Au détour d'un sentier courbant 

D'abord reçue chez les papaoutés,
J'ai mal digéré le gland.
Et ai fini par préférer
Lécher un pétale lentement.

Le souffle dans les feuilles éveille
La paix dans mon sang,
Et sur ta bouche vermeille, 
Je pose un baiser-calmant.


2015

Quand l’ombre efface la lumière
De mon front jailli, tes images…
mes arpèges,
Et l’odeur de leur bruit. 

Tu es nue sur la grève mais mon ciel obscurcit…
J’ai perdu toutes les fèves, et même l’envie. 
Je m’enfuis, nue, sous la grêle, vers le Paradis. 

Je m’en vais, oui, solennelle,
Et puis tu restes ici. 

Mais je voudrais que tu crèves,
Et que tu m’achèves aussi.


2015

I met a tramp in the street.

I met a tramp in the street.
Wandering to nowhere, looking for a place to sit.
Eyes lost in the blue suburban mist.

I shook his hand, as I noticed,
His pale brown globes, gazing at me. 

I could not see well, as the sun was strong
His arms were long, 
and he started telling me the story
Of his grand children, 
and their miserable life.

Slightly he moved his arm towards my back
And while looking at me with this pitiful sight
He was feeling around in my backpack,
For a wallet, or just a coin.

There were only my keys there, and I knew it.
I let him sneak, and kept on talking.

Only the keys, to my beautiful flat,
All cleaned thanks to my cleaning lady.
This beautiful flat, waiting for me. 

I felt he was disappointed as he let his hand fall.
I looked at him. I was also a bit disappointed
He tried to fool me. 

But after all, I was just a white wealthy girl,
And he was just an old black tramp.


2015
oie du nil

J'aimerais être une oie du Nil,
Qui s'ébroue sous la pluie,
Une oie étendue, alanguie,
Sur la pelouse fraiche et gracile. 

Ou être une petite mouette,
Qui marche fièrement,
Un peu guindée, vraiment désuète.
D'un pas de représentant,

Ou bien j'aimerais être un de ces passants,
Noirs, colorés, ou même blanc,
Qui déambule débonnaire,
Dansant, comme si il y avait une musique dans l'air.

J'aimerais être cette vieille femme voilée,
Qui parle à son fils, d'un air préoccupé,
Comme si il ne prenait pas la voie
Qu'elle même voudrait.

J'aimerais être cet homme au parapluie rouge, 
Au loin.
Dont je suis les mouvements, à mesure qu'il bouge,
Qui suit son propre chemin.

Moi je suis là, derrière la vitre du Mac Do
Du Rnb romantique dans des enceintes sans basses
Une odeur de graisse flottante..
Et je suis bien lasse. 

Même l'éboueur qui pousse sa grande poubelle jaune
A l'air plus heureux que moi,
Par ce temps de pluie,
Par ces temps sans toi

Les pigeons sur la pelouse picorent en bande,
Et les oies du Nil ont planté leur tête sous leur aile
Pour se protéger.

Moi je suis dans le Macdo, 
Pour me protéger. 
Et j'ai mal au coeur,
Quelque chose brule dans mon ventre,
Je crois que c'est toi,
Je crois que c'est nous,
Consumées par la vie,
Tu as un pied à terre;
Je suis à genoux.


2015

Les murènes


Dans la brume du matin, quand s'efface la nuit,
Sifflotant un air vain pour te sentir ici,
Tranquillement, ménageant, mes sensations enfouies,

Je t'entends dans le vent, qui caresse les vignes.
Indécente, passagère, je te sens rejaillir,
Entre les cendres si chères des pompeux souvenirs.

Souriante, et peut être, revenante de l'avenir,
Excitante comme savent l'être les promesses de tirelire...
Bourdonnante, régulière: c'est bien toi qui soupire


La bougie, sa lumière, 
soudain sont en cire :
Je te vois toute entière,
et j'entends même ton rire.


…Alors 
                              la nuée s'efface 
  sur le lac onirique
Ce n'était qu'une grande flaque … 

une illusion d'optique.



…Et dans le ciel les murènes dansent sur les rives 
Des nuages



Elles poussent des cris

puis prennent le large


2015

Il y en en moi ce coeur qui palpite en soupirant,
Et cette musique de malheur
Qui fait danser des morts-vivants
L’électro, le leurre, de ces jeunes agonisant,
Qui gobent pastilles et aigreurs
De leurs naseaux intrigants,
Ca sniffe, ça fume, et puis ça pleure…
Ca appelle “Maman”
Et quand vient enfin l’heure
De se coucher,
Finalement,
Dans un filament d’aigreur,
Leurs coeurs pissent, tendrement.


2015

Quand l'infini touche la conscience,
Je refais le lit et me refend la panse.
Je t'encadre et j'oublie,
Tes appels d'urgence.

Un pétard et au lit:
Je suis en vacances.
Tu m'angoisses et je ris,
D'un regain de conscience.

La fumée s'enfuit,
Et la fraise s'est éteinte.
Notre passion enfouie,
Devient une feinte.

Un regard tu m'ennuies
Et je m'accable de sourires,
Que pourtant tu essuies,
Puis laisses rejaillir.

Dans ton antre je m'enlise...
Tu englobes mes silences. 

L'air acéré, 
A peu près douce amer:

Je te regarde puis aiguise, 
Le fer de ma lance.


2015
chat-dragon

Elle met ses deux mains
Sous l’oreiller frais.
Son sourire est tout doux,
Ses yeux sont satisfaits.
Elle est belle
Quand elle ne sait pas
Que je l’observe.
Elle est belle
Quand elle devine
Que je l’observe.
Et quand elle en est certaine,
Elle sourit, d’abord gênée.
Puis elle m’envoie chier.

Sans réserve.
Ah !
Je l’aime ce chat-dragon,
Aussi charmant que bougon
Parfois caressante, parfois revêche,
Tantôt coulante… tantôt sèche…
Ondoyante, insoumise,
Elle dérégule mon hypophyse…
Et pourtant,
Sans mot dire,
Comme avant…
Sans sourire…
A pas lent,
Vieux fakir…
Elle redevient banquise.



2015

Impatiente, solitaire,
Sans présomption d’avenir
A l’affût, débonnaire,
Cherchant seule le martyre

Inconsciente, passagère,
Quand me frappe le souvenir
Je te chante puis t’enterre,
Dans un champ de menhirs

Souriante comme une pierre,
Affolante de sourires…
Je te vends aux enchères,
Et empoche quelques lires.



2015

Les cheveux rincés,
La taille affinée,
Courbée comme un esse...
Ah ! toride diablesse !

Elle fait résonner l'assiette
Et le son de l'assiette
Entrechoquée
Fait frissonner,
La chair de ma chair et
Le sein de mon souffle.


Soudainement je m'engouffre,
Affutée, décidée, dépassée mais tonique,
A l'affut d'un buisson assez noir et saphique,
Ou d'un profond gouffre.



2015 

L'aigreur de ton éthanol

Passé, présent, futur,
Mes alliés viticoles
Je m’assomme dans les murs
En faisant les vendanges

De mon coeur,
Raisin broyé
Dans l’aigreur
De ton éthanol

Allongé, contre les corps,
Du passé qui murmure,
Du futur, gros menteur,
Et de ce présent bien mort

Je m’abstreint, je m’enterre, je m’écoeure,
Je m’assomme au marteau piqueur,
Et je fais semblant de mourir amplement,
Pour toi
Synagogue de la peur, et esprit envoûtant.


2015
Demain

Demain, demain, les lendemains qui déchantent
Demain, demain, dès le matin,
la peine reviendra
Et il y aura de nouveau
Dans mon corps
Ce coeur lourd qui palpite doucement,
Au ralenti.

Demain, demain,
J'ai si peur de demain
Je me rappelle des bains, 
Mousseux,
Et Marion qui chante.

Je me rappelle ses yeux,
Amoureux,
Qui me regardent en silence.

Etait-ce hier, ou bien avant ?
J'ai perdu la cadence.

Demain, demain,
Demain. 
Il n'y aura plus rien.


2016

I feel emotionally harassed
I ate two boiled eggs with an orange sauce on it
And I keep on burping these smells in my humid mouth
You are like these eggs. I keep on burping you.

I wish you hadn't pulled my strings so hard
As I now feel strangled by a melancholic wizard
That puts awkward spells on my mood
It's so ugly... I feel like a dry piece of wood.
Last night, I slept with that guy 
For a few sights, my aim was to finally fly
Somewhere far from this invasive magma
Somewhere far from all this drama.
Don't worry, he was ginger.
Don't worry: it was not your lover. 
And all I could give him was all the emptiness
That was born by the sharpness
Of your silence.
And the echoing sights of his sensual transe
On my faithful soul, 
Between my tired legs,
Was melting like the orange sauce
On the two boiled eggs.

2016

icého !

Son sexe sous ma langue doucement crépitait 
Elle balbutiait des mots tendres que ma bouche aspirait
Ses jambes tremblotantes aveuglément, recherchaient 
La lumière scintillante de mon phare dans la nuit…
"oh Bony…. oui Bony, oh oui"

Moi, à genoux, je parcourais sa coque de bateau
Qui chaloupe comme une mer au dessus des coraux
Je me croisais sur elle pour mieux lui prêcher
Des mots fous à l'oreille, des cantiques oubliés

Elle sifflait de plus belle et son ventre balançait : "icéhô!"
Comme un radeau sans quille…!
Et ses yeux relevés, sans prunelles, sans pupilles
Gondolant, extasiés, se remirent à chanter: "Oh Bony, ohhhhhh"

De ma flute je l'enchante et rythme son serpent
Recroquevillé dans l'osier, se dressant doucement
Désirant, solennel
toute la voûte étoilée,
Sifflant sans appel, 
aux astres blancs, aveuglé…

Sous la lune, elle est celle 
dont j'aspire les marées.
Son coffre se rebelle
Mais sa bouche reste fermée
Comme une huître, encore fraiche
Cueillie sur des rochers

J'empoigne son sein 
Et embrasse sa pointe ronde
Son étreinte est clavecin 
Et sa gorge est féconde
Je l'entends qui retient 
Ce que son corps inonde.

Alors je m'arrête, la regarde sans bouger.
Elle se tord, elle m'en veut…plantureuse beauté….

Un mouvement de stupeur et soudain, 
c'est la nuit  !
Le torrent démentiel qui soudain rejaillit
Elle s'étire, elle se tend puis s'écrie :

"Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !"





short stories :

Octobre 2013
Le gâteau d’anniversaire

Clémentine venait tout juste de sortir du supermarché, les mains pleines de sacs, quand un TGV lui coupa la route sans prévenir. Elle n’eût pas le temps d’avoir peur et pensa aussitôt que ces TGV se faisaient bien trop fréquents aux heures de pointe, et respectaient de moins en moins le code de la route. Clémentine avait 25 ans ce jour là, et elle s’apprêtait à fêter son anniversaire seule, ce qui reste la meilleure compagnie quand on n’est pas accompagné. Elle avait acheté de nombreux morceaux de chocolats, les préférant aux tablettes entières, car elle était une fervente protectrice de l’indépendance du cacao et de sa libre circulation. 
Rassurez vous, Clémentine n’était seule ce soir là que parce que son petit ami l’avait vilement larguée comme une amarre, la veille, voulant lui éviter une telle déconvenue le jour de son anniversaire. Il va sans dire que sa peine n’était pas plus apaisée que la veille, bien qu’on soit aujourd’hui et que demain serait un autre jour, tout comme hier l’était par ailleurs et même par ici.
Mais Clémentine avait le bonheur intrinsèque, c’est à dire qu’il était rarement mouillé et encore moins larmoyant. Le fait qu’elle venait de frôler la mort la conforta dans l’idée qu’il était tout de même agréable d’être en vie, lui donna donc envie de le rester, et de profiter de cette soirée qu’elle voulait mémorable pour elle même et surtout pour sa solitude, qui avait boudé pendant les 8 ans qu’avait duré sa relation avec Jules, son Jules.
Elle huma l’air qui à défaut d’être frais, portait les odeurs acres et persistantes du chagrin d’amour non assumé. Les réverbères renvoyaient une lumière agaçante mais si elle plissait vraiment les yeux, elle avait peur d’avoir l’air plus Mandarine que Clémentine, ce qui, de toute évidence, était contraire à sa nature de fruit. 
Un peu agacée par la rumeur de la rue elle se mit à courir comme au marathon de Boston (après l’explosion) et fut chez elle en moins d’une minute, alors qu’en général, elle mettait 4/4 d’heure à arriver.
Arrivée chez elle, une luciole avait mis du jazz sur le lecteur de 42 tours, et lui souhaita son anniversaire en voletant joyeusement autour d’elle, fredonnant l’air d’anniversaire en breton car elle était muette, puis elle explosa en passant sous la lumière trop forte d’un halogène. 
Clémentine prit ce qui en restait dans le creux de sa main dont les lignes se contractèrent aussitôt et des larmes se mirent à suinter autour du cadavre. Avant qu’elle ne soit trop mouillée, Clémentine immola la luciole par le feu avec une allumette, se rappelant l’intégrité de cette petite bête birmane qui avait souvent par le passé fait référence à son engagement politique inflammable.
Elle se mit à cuisiner en essayant d’être nonchalante car elle avait lu ce mot dans Anna Karenine, et se dit que c’était une attitude cohérente pour une femme éplorée. 
Le repas consistait en un énorme gâteau d’anniversaire où elle planta 24 bougies, toujours une année de moins que son âge réel pour repousser le mauvais sort. Il n’y a qu’à 50 ans, elle le savait, qu’elle mettrait le compte bon, car à cet âge là on a le droit d’être malheureux en regardant rétrospectivement une vie ratée. En attendant, elle n’avait pas le droit d’être malheureuse, car la jeunesse doit être heureuse ou n’est pas. Qu’auraient pensé les 5/4 de personnes âgées qui constituaient la société de son pays si ils avaient vu se refléter l’ombre d’un malheur autour de ses yeux vides mais non encore ridés ? 
Ils auraient sans doute soupiré : « Ah bah elle est bien belle la jeunesse… En notre temps... Nous jouions aux osselets et on s’en portait tout aussi bien ! »
Quand l’immense gâteau au chocolat eût pris forme humaine (elle avait façonné la forme de son ex petit ami dans la pate), elle saupoudra des graines de piment d’Espelette tout autour des parties génitales, qu’elle avait intentionnellement formées plus petites qu’elles ne l’avaient jamais été même mouillées à froid. Le gâteau se mit à crier de douleur et gueula : « ça va pas la tête ! » Il se tenait fermement le sexe et se mit à pleurer des larmes caramel. Elle le regarda avec dédain. 
Puis avec une cuillère en or elle commença par lui manger les orteils, délicatement, avec une malveillance qui l’étonna elle-même. Le gâteau avait beau crier « non, Clémentine, tu sais, je suis sensible des pieds, non pas les orteils ! » qu’elle recommençait de plus belle tout en lui chatouillant la plante du pied de sa main libre. 
Il riait en pleurant et son rire cristallin d’enfant gâteau lui rappela ses moments passés avec lui où ils s’aimaient et elle en eut du chagrin. Elle arrêta le supplice quelques instants. Un mélange de sentiments d’amour et de haine la prit à la poitrine et se mit à suffoquer ses poumons. Elle avait lu que l’amour ne se ressentait en fait pas dans le cœur mais au cœur des poumons qui s’ouvraient et se refermaient comme les accordéons les jours de bruine. Elle renifla et failli s’obstruer les sinus. Franchement, pensa Clémentine, elle aurait pu mourir ainsi bêtement, faire tomber sa tête dans le chocolat, et au moins suffoquer dans le corps en pâte de son amour déchu. Elle se ressaisit. 
Le chocolat, qu’elle avait fait cuire avec un filtre de désamour pour se débarrasser de ce sentiment si pesant pour les gens qui croient encore au bonheur, finit par lui monter à la tête et elle s’en fût dans un rire machiavélique irrépressible. Elle reprit sa cuiller, se mit à dévorer les chevilles, les mollets, et elle n’entendait plus les cris de plus en plus étouffés de son amant d’hier. 
Grisée, quasi démoniaque, après une fellation qui le fit jouir des paillettes dans sa bouche, elle lui arracha le sexe d’un geste violent et mélancolique. Elle remonta aussitôt le bas du ventre, mangea ce qu’il appelait ses tablettes de margarine, lécha les pectoraux avant de n’en faire qu’une bouchée. Pour son visage elle prit un malin plaisir à engloutir le nez, les yeux, les oreilles, lui laissant juste sa bouche pour qu’il ne puisse plus faire qu’une seule chose : crier à l’amour. 
Elle lui dévora le cuir chevelu, les sourcils qui restaient, froncés, énervés, douloureux. Et puis elle contempla cette bouche qu’elle avait tant de fois baisée. 
Sur laquelle elle avait souvent misé un univers. Cette belle bouche ourlée, cette entaille dans un visage d’ange, cette entaille qui avant dévorait la sienne, qui lui susurrait autrefois les choses que tout le monde pense originales mais qui ne le sont qu’aux oreilles aimées. 
Elle regardait cette bouche, fixement, et les effets du chocolat commençaient à redescendre, mais elle sentait dans ses poumons que pourtant, le sentiment n’avait pas changé : elle aimait toujours autant cette bouche, elle l’aimait encore de tout son cœur et voulait la baiser encore, la mordiller toujours, elle voulait l’entendre soupirer sous ses caresses, l’embrasser dans le cou, et lui dire qu’elle était tendre, qu’elle était belle, qu’elle n’avait rien à envier aux autres filles, qu’elle était la seule, l’unique, l’amour des amours. 
Mais cette bouche en chocolat se taisait, et l’humiliait par ce silence. 

Et puis, doucement, en s’appliquant presque, la bouche se contracta et dit : « Avec tout ce chocolat, Clémentine, ne t’étonne pas si on t’appelle Pamplemousse désormais ! ».
Et la bouche se tordit dans un rire machiavélique qui ne cessa seulement quand elle reprit ses esprits. De rage, elle s’en empara et l’engloutit. 
Elle regarda son reflet dans le plateau d’argent où seules quelques miettes demeuraient.  Son menton dégoulinait de chocolat fondu.  Son visage avait pris la teinte acide des agrumes.
Et elle était devenue si grosse qu’elle remplissait entièrement sa petite cuisine. 

Alors, dehors, il se mit à neiger doucement et la ville apaisée se nappa elle aussi de sucre glacé.


Bony S.


Octobre 2013
-Les couilles-

Ce matin, j'ai encore marché sur une couille. La ville entière en est recouverte. On dirait que désormais, elles volent la vedette aux feuilles pour ce qui est du tapissage de sols humides. Sauf que piétiner une couille, c'est beaucoup plus désagréable que marcher sur des feuilles, si mortes soient elles. Et quant aux figues, au moins, elles sont jolies, roses à l'intérieur, et puis elles ne font pas un petit "flop" douloureux quand on les écrase. On n'a pas l'impression de faire quelque chose de mal quand on marche sur une figue, en plus. 
Mais que voulez vous, les hommes de mon siècle perdent leurs boules. C'est une réalité. Ils marchent dans la rue, ils pensent que tout va bien, qu'ils ont bien fait de n'avoir rien fait de leur journée, que la prise de risque s'en est trouvée minimisée, et quand ça fait longtemps, quand les semaines aux jours se succèdent, quand les mois, parfois les années d'inaction, d'inattention, se poursuivent, un jour, c'est fatal : leurs couilles se contractent, sèchent et tombent, du jour au lendemain, sans prévenir. C'est souvent un évènement douloureux pour ces hommes qui n'en sont plus vraiment. Ils s'énervent, se plaignent, ils pensent avoir perdu leur virilité d'un coup, et ne réalisent pas qu'il y a déjà des années qu'elle avait renoncé à eux.  
Il n'y a rien de plus naturel, finalement, que le dernier attribut qui leur confère l'autorité et le goût de l'aventure, tombe si ils ne s'en servent pas. Ce qui est moins naturel c'est que ce phénomène s'accentue au point qu'il n'y a pas assez d'ébouleurs pour les ramasser, et que je sois contrainte par manque d'attention, en ce lundi matin pluvieux d'octobre, d'écraser une boule de mon talon.
Quand je vois ces couilles jonchant le sol, je me demande souvent à qui elles appartenaient. Comment l'homme ou ce qu'il en reste, qui les a perdu, s'en sort désormais. S’ils regrettent de n'avoir jamais rien fait à la hauteur de son appendice pour les conserver. Je me demande si certains les ramassent, les mettent dans du formol pour se rappeler une époque finie où ils se présentaient comme des Messieurs. 
Et puis, il m'est arrivé quelque chose de tragicomique qui a répondu à pas mal de ces questions. Il y a un mois, j'ai rendu visite à mon ex petit ami, avec qui j'ai eu l'intrépidité de rester 3 ans, 3 ans à compter ses deux boules et à me demander laquelle serait assez téméraire pour un jour impacter un brin de courage de sa part. Ni l'une ni l'autre ne semblait être au courant qu'elle avait été mandatée pour cela, à l'origine des temps. Eh bien figurez vous que Maxime, ainsi s'appelle t-il, étrangement d'ailleurs car le maximum qu'il ait fait dans sa vie est de s'inscrire mollement à la faculté en grattant sa guitare, figurez vous que je suis allée lui rendre visite à la fin de l'été, dans le 2 pièces et demi qui lui sert de logis. Pas étonnée pour un sou d'avoir vu qu'au confort qu'aurait pu procurer, si il l'avait cherché, un appartement pour le même prix, il avait préféré choisir le premier parmi ses visites, excentré, sombre, glauque en somme, et qu'il s'y plaisait bien, sans doute parce que la médiocrité du lieu lui rappelait le peu d'effort que cette caractéristique lui avait couté. 
En visitant son démeublé, je m'exclamai avec chaleur que c'était joli et spacieux, pour éviter de mentionner que c'était triste et moche. (Ah oui, il faut dire qu'en tant que femme, l'hypocrisie me va bien au teint).
Sur ce qui semblait être une étagère rescapée de Fukushima, il y avait les quelques livres que je lui avais offert et qui n'avaient d'abimées que les couvertures qui avaient servi à faire des cartons pour rouler des joints. Bien que peu surprise, mon front se plissa, se rida plus que ne le serait jamais la tranche intacte des livres. Un soupir intérieur se propagea dans mon corps. J'étais déjà lasse d'avoir eu cette idée stupide de lui rendre visite.
Et puis, là, sur l'étagère, il y avait, croyez-le ou non, une paire de couilles empaillées. Je reconnus aussitôt les siennes, parce que j'avais eu le temps de les regarder en les comptant pendant trois ans, et comme je vous l'ai déjà dit, j'avais aussi compris en ce temps là que je ne pouvais pas compter sur elles. L'une était plus petite que l'autre, mais il m'avait toujours semblé, malgré son apparence chétive, que c'était la plus futée des deux. Je peux me tromper cela dit.
Bref, la paire était là, figée, me regardant presque, d'un air dédaigneux, me disant : 
"- Eh ben voilà, nous c'est pour ÇA qu'on étaient faites, et on est bien , et pas ailleurs, connasse. 
Je demandais à Maxime ou plutôt, et la vie l'avait confirmé, Minime, ce que ses couilles faisaient là sur l'armoire.
Il me dit en riant d'un air doux que parfois, c'est vrai, je regrette : 
- Héhé, eh bien figure-toi qu'elles sont tombées y a trois semaines alors que j'étais à un concert, et que quand je m'en suis rendu compte, je suis allé aux objets trouvés et qu'elles y étaient ! Tu sais le mec m'a demandé à quoi elle ressemblaient, et je lui ai dit qu'elles étaient jumelles mais une avait moins grandi que l'autre haha, tu sais, tu me disais souvent que c'était bizarre ! haha. Eh ben figure toi qu'il a mis 20 minutes à les retrouver, tellement y en avait ce soir là qu'étaient tombées. Je me disais bien que le Métal ça faisait pas plaisir à tout le monde. Les couilles elles voulaient direct se barrer tranquilles aux objets trouvées haha, pas bête la couille hein ! "
Tandis qu'il me parlait, je regardais un peu fascinée, cet objet, qui était monté sur un petit bâton noir pour bien qu'on les admire, avec un joli socle en bois. Je me dis qu'il avait bien fait les choses pour une fois, car je dois admettre que je trouvais cet objet beau, d'une certaine gravité, presque noble.
Une crise de conscience et une volonté de savoir jaillirent dans ma tête. Comment ? Pourquoi ? Pourquoi si tôt ? 
Et qu'allait-il faire, lui qui aimait plutôt le sexe et croyait même, chose rare, en la perpétuation de son espèce… comment allait-il faire sans testicules ? 
Je me réjouis à ce moment précis du sentiment que ma visite n'avait peut être pas servi à rien et que j'allais enfin trouver réponse à mes questions existentielles sur ce phénomène moderne et saisonnier à la fois.
Cela dit, puisque je suis une femme subtile, je fis mine de n'être pas trop étonnée par ce bel objet, et continuai ma visite, tout en posant des questions dont les réponses ne m'intéressaient qu'à demi. 
- Tu continues la musique ? 
- Oui ! La musique c'est ma vie, tu sais bien ! 
- Et la fac, ça te plait ?
- Oui certaines matières m'intéressent, d'autres moins, mais la question ne se pose plus vraiment vu que je reredouble ma deuxième année, donc finalement, je ne vais plus trop à la fac vu que j'ai déjà rerevu ces matières.
- Et tes profs, ils sont sympas ? 
- Ben entre ma première première année et ma deuxième deuxième, l'équipe pédagogique a eut le temps de se reformer trois fois, donc je ne sais pas trop si ils sont biens cette année.
- Et du coup, les cours ne changent pas ? 
Il était en train de gratter son ukulélé qui prit son parti en s'exclamant :
- Oh Bonnie, tu vas pas lui casser les couilles alors que t'es plus avec lui et qu'en plus elles sont empaillées !
Depuis l'étagère, j'entendis un véhément : 
- Ouais c'est clair !"
De toute façon Maxime n'avait pas l'air disposé à me répondre tout occupé qu'il était à tripoter son ukulélé qui semblait avoir pété une corde en s'énervant.

Je fis alors un compliment sur le carrelage, qui était blanc, et je dis que c'était bien le carrelage blanc, mais je ne sus justifier ma remarque. De toute façon, il avait l'air de s'en battre les … ah ben non, ce n'était plus possible.
Et puis, j'en vins à parler de ce qui m'intéressait, au fond :
- Et alors, comment c'est la vie sans couilles ? 
- C'est comme la vie sans lunettes répondit-il du tac au tac, sans lever les yeux. 
Je ne saisis pas vraiment, mais sans doute ne pouvais-je pas comprendre car je n'avais jamais porté de lunettes. 
Ni de couilles d'ailleurs.
- Et comment tu gères niveau sexe ? 
- Oh ben c'est plus pratique figure toi que je me branle 3 fois moins et du coup j'ai plus souvent les mains libres pour jouer de la guitare.
- Ah mais tu te branles quand même alors ? 
- Oui mais rien ne sort ! C'est pratique j'te dis !
- Et tu voulais pas d'enfant ? 
Il avait l'air au fait de l'actualité, car il m'évoqua la proposition de loi sur la procréation animalement assistée, et qu'il trouverait bien une vachette pour porter un enfant de son chat. De toute façon, me dit-il avec justesse, il avait toujours aimé les veaux.
Je lui demandais si il aimait la mie aussi, mais il ne releva pas ma pertinente question.
- Et pourquoi les as tu empaillées ? C'est pas la honte de perdre ses boules ? 
Il leva les yeux vers moi avec gravité et me dit solennellement qu'au contraire, il s'agissait de son premier trophée, et qu'en plus, il n'avait pas fait d'effort pour le gagner. 
Il avait l'air fier comme un chapon. 
Alors, avec tristesse, je compris qu'il était plus heureux sans ses couilles qu'il ne l'avait jamais été avec moi. 
Et ce qu'il me dit alors ne fit que confirmer ce sentiment : 
- Pas d'couilles, pas d'embrouilles !"
Et puis il se mit à rire de son rire d'enfant, encore plus doux et caressant qu'il ne l'avait jamais été. Son visage respirait la candeur et la paix, la douceur des sans-soucis. 
Moi, je ris aussi, mais du rire grinçant d'une fille qui se demande dans quel monde elle a atterri, d'une fille frustrée de n'avoir rien à perdre pour qu'on lui foute la paix. Ou peut être la tête, pour arrêter de se la prendre.
Mais il n'y avait plus de temps à perdre. Les couilles au sol se multipliaient, et il fallait désormais non seulement faire gaffe à ne pas marcher dessus, mais aussi se résigner à l'idée que l'homme était une espèce en voie de disparition. 

Un mois après ma visite chez Max, donc, ce matin, en ce jour pluvieux de ce qu'il reste d'octobre, j'ai marché sur une boule, et mon coeur s'est fendu en deux comme la couille sur le sol. 

Bony S.


Décembre 2013

Depuis 15 ans, Lola et Lookos font chambre à part. Lola et Lookos sont mes parents. La chambre de maman est à Marseille, celle de Papa est au Portugal. Cela rend les contacts moins commodes, plus distants. 

Moi j’habite un grand salon au milieu. Deux couloirs à l’opposé l’un de l’autre, mène tantôt à la chambre de maman, tantôt à celle de papa. 
La chambre de maman est grande et repeinte en bleu klein. Par endroits, la couche s’effrite un peu ; la couleur n’y a pas tenu. 
Derrière, il y a un gris pâle, ou un rose vif, je n’ai jamais vraiment su définir la teinte, car bien qu’opposées, on dirait qu’ici seulement sur terre, elles s’entrecroisent et s’entremêlent, entre l’exaltation soudaine et ses soudaines désillusions. Dans la chambre de maman, il y a un grand lit à encadrement de bois et à coussin de velours. Les motifs sont fleuris, les couleurs passées. C’est la seule relique qu’elle avait rapportée avec mon père, faute de place, de l’appartement endeuillé de sa grand-mère, vers la fin des années 1980. 
La chambre de maman sent la chaleur et l’hésitation, l’absence de meubles laissant penser que quelque chose n’est pas fini, comme inachevé. L’odeur est claire et douce à la fois : c’est une odeur de femme et donc une odeur subtile de  contradictions. Le lit est rarement défait, mais quand il l’est, j’ai toujours pensé lire dans les plis des draps des angoisses inexpliquées qu’il ne me serait jamais possible de démêler. Le parquet sur le sol est de bois d’orme, foncé et sobre, lissé par le temps. Je m’y allonge souvent en regardant là haut s’envoler mes volutes de fumées, heurter le plafond, s’étendre comme une nappe de brouillard, planer au sommet, toucher les coins de la pièce et redescendre attristées. 
Puis se disperser.
Mais je n’aime pas m’étendre dans le lit de maman. Je préfère le sol. Le lit n’est plus à moi depuis bien 10 ans. Avant, j’y dormais toutes les nuits, je m’allongeais aux côtés de maman et veillais sur elle en la regardant dormir avec son petit sifflement. C’était là ma place, car il y en avait beaucoup dans ce grand lit. La nuit, sa peau était chaude et son souffle apaisé, ses mains sentaient le tabac, et aujourd’hui quand je sens les miennes après une cigarette, c’est toujours maman qui dort que je revois. Je me sens bien auprès d’elle, mais déjà, je dors peu. Le matin, c’est moi qui la réveille avec un nescafé micro-ondé qui sent encore un peu le métal. Maman m’amène alors à l’école, on est en retard, à cause du joint de culasse de la voiture, qui saute tout le temps. Je ne sais pas si un joint de culasse peut sauter, mais c’est du moins ce que j’interprète des matinées à pousser la peugeot à deux, insultant les hommes qui dans leurs voitures nous klaxonnaient avec rage. Et ma mère de maudire les hommes de ces voitures et d’ailleurs tous les hommes du monde. On est encore en retard, je mange mes ongles, un pour chaque doigt, 10 pour la culpabilité.

La chambre de papa est grande et lumineuse. Le parquet est moins beau que chez maman, je me demande si il a jamais été ciré. Dans le lit de papa, il y a une femme, depuis longtemps. D’ailleurs, la chambre de papa n’est pas vraiment la sienne. Ce n’est pas une chambre d’homme. C’est une chambre neutre et confortable où deux sexes cohabitent, et font d’autres choses j’imagine. Ce que j’aime dans la chambre de papa, c’est la vue : une longue fenêtre donne sur une vallée de collines vertes se succédant sans fin jusqu’à s’engouffrer dans une autre vallée, qui elle, je le sais, s’enfonce plus loin dans l’océan. Dans la chambre de papa, je suis une enfant. A 7, 9 ou 11 ans, c’est toujours agréable d’être une enfant. 
Ca sent l’encens, et l’air souffle et gonfle la moustiquaire. Ca sent le vent frais venu des pousses de fenouil qui parsèment le terrain et les collines alentours. L’été, la poussière orange et rouge entre par les interstices et se pose sur les meubles en bois jaune. 
Il y a la vie et sa douceur.
Un petit autel bouddhique sur le meuble sous la fenêtre, retient toujours mon attention. Des galets, des coquillages, des figurines en étain rapportés de voyages en Asie… ce que mon père appelle ses grigris. Une photo de moi, quand j’avais 5 ans et que je croyais encore être un petit garçon. 
Je suis torse nu, lève les bras en l’air, sans doute faisant « loulouloulou » de la bouche, me prenant surement pour un peau rouge à ce moment là. Il y a une photo de mon arrière grand-mère, une photo écornée, et mon père sur ses genoux, qui doit avoir douze ans. Une coupe à la stones, un sourire malicieux, déjà ses yeux pochés, déjà un pin’s Anarchie sur une chemise mauve qui baille sur un t shirt noir mité. On ne change pas tellement, entre ses douze et ses 48 ans. Il y a aussi une photo encadrée de ma belle mère, penchée au dessus de sa grand mère assise, lui tenant les mains dans un geste fort, leurs yeux plongés l’une dans l’autre. 
Dans la chambre de papa, il y a parfois deux petites filles qui passent en riant, ce sont mes sœurs, qui babillent en allemand, en français, parfois, déjà, en portugais, mais des mots que je comprends toujours, car avant tout, ce sont des mots d’enfant. 
Papa me tient la main, il a une très grande main qui maintient la mienne avec sûreté dans les aventures où il m’embarque, mais est moins confiante en simple promenade. Il me semble que dans les promenades, quand on passe des chemins de terre à ceux qui longent la mer, c’est plutôt la mienne, pourtant bien plus petite, qui lui dit que tout va bien et que je ne lui en veux pas, que je suis bien comme ça et que c’est pas si grave au fond. Le vent gonfle nos cheveux et nous rassure aussi. Il fait souvent beau, dans le jardin de papa, il fait souvent chaud. L’horizon est toujours dégagé, et les couchers de soleil semblent englober le monde entier sans rien vouloir trier. 
On ne voudrait pas partir de chez papa : la force des choses se trouve dans leur immuabilité. Le sol se craquelle parfois mais semble ne jamais vouloir se dérober. Les animaux vivent ensemble comme si l’homme n’était jamais intervenu pour les dresser. 
Parfois papa tue une vipère, mais ca reste dans l’ordre des choses : c’est correct. Les troupeaux de moutons viennent souvent tapisser les collines en face, emplissent le silence du vent de bêlements satisfaits, parfois doutant, affolés, mais toujours s’apaisant dans leurs échos quand ils s’éloignent. La vie est libre et sans contraintes chez papa. Ma place est juste et je ne m’ennuie pas. Je me cherche des responsabilités : un jour ce sera le poulailler, l’autre, le chien. Il m’a toujours fallu des responsabilités, de si loin que je me souvienne. Mais papa ne veut pas être ma responsabilité. Et il est trop fort pour que je m’occupe de lui. 
Ma seule responsabilité, au fond, c’est moi. Chez papa, j’ai le temps de penser et d’essuyer le gris poussière de Marseille qui recouvre ma conscience de préoccupations aussi complexes qu’inutiles. 
Dans la chambre de papa, et autour de la chambre, il y a bien peu mais il y a tout à la fois : il y a la Beauté, d’abord, qui saute aux yeux non plus comme une conquête, mais dont l’éclat se reflète sur le plateau d’argent qui la sert. L’Intensité, ensuite, parce que souvent dans ce bout du monde, les éléments, surtout le vent, se déchainent et soufflent dans nos corps comme pour nous faire grandir. La Simplicité, enfin, car quand on a la Beauté et l’Intensité à portée de main, l’on devient aussitôt plus sage et plus modeste. 
On apprend à aimer la vie pour ce qu’elle est au fond : une longue succession de hasards sans Providence qui passent sur nous dans l’évidence d’un souffle.

Mais j’ai oublié de vous parler d’une porte, dans mon salon. 
Ce ne sont pas les W.C, car les W.C ce n’est pas poétique et ça n’a rien à voir avec ce que j’essaie de décrire dans cette nouvelle.

Non, il s’agit d’une buanderie. Elle est tapissée de moquette blanche immaculée, on n’a pas le droit d’y poser une semelle. Qui a établit cette loi sacrée ? C’est mamie. C’est elle la fée du cagibi. Elle y vit, un peu par l’esprit. Elle y domine, en reine, y impose ses préceptes avec souplesse. J’aime à me retrouver dans la buanderie, parce que de longs draps en lin sont étalés sur un étendage, avant d’être repassés. 
Mamie repasse ses draps brodés, sinon elle dort mal. 
Dans la buanderie, il fait bon. Tout semble être ordonné, à sa place. J’y vais souvent seule, et par ma présence, je l’occupe entièrement. La pièce est très basse, je dois toujours m’asseoir pour m’y installer. D’abord, enfant, ce cagibi était une cachette qui sentait bon pendant les longues minutes que dure cache-cache et apaisait un peu l’envie de faire pipi qui se faisait toujours ressentir quand j’entendais la fin du décompte. 10, 9, 8… Ca devenait urgent et imminent. Alors j’enfouissais ma tête dans les draps et la douceur de ma grand mère semblait m’englober calmement. 
En grandissant, la buanderie est devenue plus petite, jusqu’à ce que je doive m’accroupir pour y demeurer. C’est un endroit un peu figé dans le temps, et la moquette sous mes pieds nus me fait l’impression d’une règle désuète qu’il m’est devenu agaçant de respecter. Une petite ampoule d’un autre temps pend en haut qui m’énerve. Tout y est trop propre, et trop rangé. Je voudrais repeindre en noir ces murs immaculés. Je voudrais parfois même crier mais je sais par avance que l’écho de mes cris ne fera que m’asphyxier. 
Je lève les yeux et puis je vois Mamie, là, dans le coin. Elle est debout car elle tient aisément dans 1m60 de hauteur. 
Elle me regarde, l’air perplexe, et me demande ce que je fais là. Elle a l’air contente de me voir, mais préoccupée de mes agitations. Je voudrais lui dire que je voulais méditer dans cette salle qui toujours a été pour moi l’univers des sacrements de mon enfance. 
Je veux lui reprocher quelque chose. 
Lui dire que ce n’est plus du tout rassurant ici, que l’étouffement du silence et de la lessive a succédé à ma passion de l’organisé et du sain. Que parfois, dans mes tripes, je veux tout faire pour perdre la tête et m’enfuir dans des buanderies mentales, où les draps seraient tachés et les ombres sensuelles. J’ai envie de sortir de ma poche un petit sachet de poudre blanche pour m’en exalter les narines et profaner pour toujours ce lieu trop honorable.
Mais Mamie me regarde et je lis de la tristesse dans son regard. Alors, elle commence à s’agiter de son petit corps, ne sachant plus quoi faire de ses jolies mains ridées. Les pose sur ses hanches, semble réfléchir, et me dit : 
« Mais sortons d’ici veux tu ! Viens je vais te faire manger. J’ai préparé un flan excellent, allons dans la cuisine, tu me raconteras ta journée, tu as l’air épuisée ma chérie. »

Elle passe devant moi, ouvre la porte sans me regarder. Une bouffée d’air frais s’installe aussitôt dans la buanderie. Les draps tremblent et mon cœur s’emballe. 
Y a t’il encore un espace sur terre où je puisse être seule sans être triste ? 

Et puis, au fond d’un troisième couloir qui partait de mon salon, il y avait une grande chambre en bordel complet. Dans le lit, une fille dormait. Sans bruit, du moins, j’ai essayé, je me suis lovée contre elle et l’ai écouté respirer. Elle avait le souffle calme des anges qui viennent de tomber, n’ont pas vu les décombres autour et rêvent encore de paradis sans savoir qu’ils l’ont perdu. Elle a ouvert les yeux et m’a demandé ce que je faisais là. J’ai dit que je cherchais juste un endroit sur terre où atterrir pour quelques temps. Elle m’a dit que je pouvais rester, et s’est rendormie. Dans ses mots il n’y avait rien de défini, et c’était ça, aussi la vie. Je l’ai regardé dormir en m’endormant. 
Mon souffle s’est fait long, j’avais l’impression de revenir de loin. J’ai fait un songe et je n’étais plus nulle part que dans ma première maison : ce long corps grandit d’un mètre 73, cette féminité au milieu, mes bras autour d’elle, mes cheveux sur l’oreiller, mes paupières lourdes, fermées, et un sourire, lentement, sur mon visage, s’est dessiné, et pour quelques instants encore plus rien n’existait autour.


2013- Chez Pierre et Ivan

Cette vision de la vieille ferme en face me rassure, dans l’orée du soir où les phalènes volètent, quand tardent enfin les heures à passer, glissant sur moi tandis que je m’appuie sur la barre en fer d’un long balcon ombragé. Je ne veux pas faire de mes phrases des longues palabres alambiquées, mais je rêve de mots qui sauraient faire ressentir enfin l’extranéité des lois sensibles sur mon être instable. Je voudrais sans cesse remplir l’absence par ce vide. Le vide de la ferme en face : ses pierres blanches et ses pavés, les épis entre les fentes et un chant de coq pour ponctuer. 
Pourquoi cet endroit est il si mythique ? La vraie question est : pourquoi j’aime les gens qui y habitent ? 

Je voudrais tous les cueuillir comme s’ils étaient les paquerettes dans l’infini du Printemps, comme s’ils sentaient bon l’absence de temps, qui passe, et la chaleur humaine pour trépasser en paix. L’armanyac, le gigot d’agneau, le vin à foison, mon attirance pour lui, mon extase pour elle… tout se combine dans la maison, je m’ennivre et m’étend : depuis le balcon, finalement, il suffit de s’accouder au fer : je vois la ferme en face, ses pavés, ses murs blancs :  devant l’immobilité du bâtiment résonne mon corps tendu et tous ses mouvements. La maison ne bougera pas, comme depuis des années maintenant et encore durant quelques siècles devant, et moi je suis née ; elle existait déjà ; et quand je mourrai, elle n’aura toujours pas plié. Je me sens si vaine en face de son statisme, que parfois je voudrais pouvoir m’y emmurer : ressentir le flux de toutes ces années, comme on ressens la veine du temps géologique : une fuite en arrière, une fuite immobile. Pourquoi ne suis je pas née dans l’asphalte, ou même l’argile ? Je suis en fait moulée de peau, fine et sur laquelle les palpitations aussitôt crépitent. Mon cœur est chargé de sang, qui tambourine au fil de mes sens : je suis réceptive à la vie que voici et que voilà, je sens vivre en moi les tons de mes idées, sonnant, fuyant, déjà envolées. Et dans cela, au final, ce n’est que l’amour que je cherche comme tout mammifère, et pourtant je balbutie, tourne, et je me perds.
Sans cesse aimant, sans cesse lassée, désirant souvent, toujours frustrée.


Idées merdique - 2015


J'étais mélancolique en ce jour tardif de janvier. J'avais envie de brûler ma mère alors qu'elle ne m'avait rien fait. J'avais vainement tenté de mettre le feu à sa chevelure avec une allumette déjà noircie au bout, afin de minimiser mes chances de succès. Dehors, comme d'habitude, le vent battait les feuilles et un grand soleil pénard venait m'expliquer que j'aurais mieux fait de sortir m'aérer, mais depuis ma chambre, je lui jetais des regards dédaigneux. Je lisais Carlos Castaneda, et donc j'écoutais dans les grincements de la maison des signes inexpliqués aux néophytes et inexplicables pour moi, vu que je prenais le monde à l'envers et vivais de travers de toute façon. J'étais une âme sans but en quête de liberté, mais je me rendais compte que même elle, la liberté, était une chienne sans vie, quand je voyais que même ma chambre était sujette à nombreuses intrusions de la part de ma mère, qui venait ouvrir et fermer les volets toutes les demi heures.

Mon ex m'avait envoyé un message de bonne année en me disant comme un conseil "wisdom before freedom". Je me demandais bien ce qu'il savait de la sagesse et de la liberté pour vouloir me l'imposer ainsi dans une phrase facile qui rentre dans la tête alors qu'elle ne veut rien dire. Je lui rétorquais que freedom et wisdom se vivait qu'avec un mec du nom de dom. Le sens de ces mots absurdes m'apparut une fois le message envoyé, quand je me rendis compte que mon amour d'été, l'être le plus libre que j'avais connu, avait pour nom sur facebook "dom". Je me demandais alors si je n'avais pas moi même crée un signe imparable vers un destin plus libre, et si je ne devais pas aussitôt prendre un avion pour le retrouver au fin fond du Mexique. Puis je me suis dit que quand même il fallait être sacrément con comme moi à ce moment précis, pour voir des signes partout où je posais les yeux, sous prétexte que j'avais lu Carlos Castaneda et son vieux sorcier Yaqui, dont il semblait en plus, à la lecture de nombreux sites internet sceptiques et désabusés, qu'il n'avait jamais existé. Je décidai alors d'écrire un manuel de survie en cas d'esclavage masqué que je destinais à l'usage de Marion et moi, dans le but de se barrer en douceur.

1. Rassurer les cons autour
2. Faire semblant de les aimer
3. Faire semblant de les respecter
4. Se casser
5. Mourir et devenir poussière dans un canyon perdu.

J'en étais là de mes idées merdiques quand je me dis que j'avais vraiment des idées merdiques et que je ferais mieux de me masturber pour m'auto-oublier le temps d'un extase. 
Une fois la chose accomplie, je me sentais toujours comme une sombre merde mais avec des doigts poisseux en plus.
J'avais 23 ans et des relans d'adolescence, ou alors plutôt des rêves enfouis qui s'extirpaient tant bien que mal des glaires de ma rationalité, tentant une dernière fois de prendre vie avant justement que la vie de les écrase.
Je regardais vivre tous les cons autour de moi et je me demandais comment ils pouvaient prétendre être bien dans leur vie, alors que leur vie était une sombre chose où le seul luxe était la bouffe et le shopping. 
Ah ... ! Je les enviais d'être si cons.








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